Le Conseil
Fiscal Host: L'Offensive
Le Conseil est un blog et un réseau qui soutient les initiatives autogestionnaires et horizontales, cherchant à promouvoir des pratiques d'auto-organisation et de lutte émancipatrice, en dehors des structures dominantes et étatiques.

Contribute
Become a financial contributor.
Financial Contributions

Budget
Transparent and open finances.
+€25.00EUR
Completed
Contribution #829905
+€10.00EUR
Completed
Contribution #817991
+€50.00EUR
Completed
Contribution #839051
€
Today’s balance€257.75 EUR
Total raised
€257.75 EUR
Total disbursed
--.-- EUR
Estimated annual budget
€600.00 EUR

About
Qui sommes-nous ?
Le Conseil est un blog indépendant et un réseau médiatique coopératif engagé pour la construction d’un monde fondé sur la démocratie directe, l’égalité réelle et l’émancipation collective. Nous fédérons des structures médiatiques et d’éducation populaire qui souhaitent s’organiser horizontalement et mutualiser leurs ressources. Chaque membre bénéficie de notre caisse de solidarité commune, qui sert à financer nos projets collectifs, à soutenir les médias indépendants, les productions culturelles engagées, et à appuyer les initiatives de solidarité populaire (aides alimentaires, conseils juridiques, cagnottes solidaires...).
L’ensemble des productions publiées par les membres — articles, podcasts, vidéos... — est mis en commun et librement réutilisable par toutes les structures du réseau. Nous constituons ainsi une coopérative de médias, où chaque création enrichit un patrimoine commun, accessible à toutes et tous, sans restriction. Notre mission est de construire une hégémonie culturelle alternative, de développer un nouvel imaginaire social, et de faire émerger un contre-pouvoir autogestionnaire, capable de défier le capitalisme et ses logiques de domination.
Le Conseil n’est pas une organisation figée, mais un réseau vivant, ouvert à toutes celles et ceux qui veulent s’impliquer, proposer et construire. C’est ensemble, par l’auto-organisation et la solidarité, que nous poserons les bases d’une société libre, affranchie du capitalisme et des structures de domination.
Que défendons-nous ?
Nous nous inscrivons dans une démarche de construction et de consolidation d’espaces d’autonomie collective, à l’écart des institutions étatiques, des hiérarchies oppressives (racisme, patriarcat, discriminations de genre, validisme…), des bureaucraties syndicales et celles des partis, ainsi que des logiques de profit qui menacent les équilibres sociaux et écologiques. Ces espaces autonomes prennent des formes diverses, mais partagent des caractéristiques communes : l’horizontalité et la démocratie directe. Ils se manifestent dans des assemblées de base sous la forme de conseils de quartier, de village ou d'usine. Nous pourrions aussi parler d'assemblées populaires, de comités locaux, de plénums, de communes... Ou de toute autre structure imaginée et portée par celles et ceux qui subissent des dominations, il n'y a pas qu'une seule manière de définir ces espaces qui ne sont pas une forme figée et gravée dans le marbre. Ces modèles d'auto-organisation auraient pour vocation de se fédérer librement, décidant de ses propres règles et institutions, devenant une forme d'auto-gouvernement. Ensemble, elles détermineraient collectivement la production et la répartition des ressources, selon le principe : « De chacun selon ses possibilités, à chacun selon ses besoins... » et nous ajouterions « dans le respect des équilibres écologiques et des limites planétaires. »
Ces modèles d’auto-organisation, en se généralisant et en se coordonnant horizontalement dans une fédération, doivent devenir les germes d’une société nouvelle : une société fondée sur la démocratie directe comme principe organisateur, où l’auto-gouvernement se réalise pleinement, loin de cette illusion qu'est la démocratie représentative qui masque en réalité une oligarchie libérale. Car oui, derrière ce système, le pouvoir reste entre les mains de quelques grandes familles bourgeoises. Il est confisqué par des représentants élus « démocratiquement » qui, une fois en place, gouvernent sans contrôle ou alors celui de la classe dominante, et par des entreprises privées qui façonnent les institutions à coups de financements. Dans une véritable démocratie, les citoyens ne devraient pas se contenter de voter une fois tous les cinq ans pour choisir celui qui leur volera leur pouvoir de décision. Ils devraient exercer ce pouvoir au quotidien, partout. La démocratie partout, tout le temps, et non comme un acte séparé de la vie.
Sur les lieux de travail, par exemple, les travailleurs pourraient s’autogérer par des conseils de travailleurs où chaque individu participe aux décisions concernant la production, les conditions de travail... Ces assemblées permettront que la vie démocratique ne soit plus réduite à un moment isolé, mais qu’elle s’intègre pleinement au quotidien. Ainsi, tout comme la démocratie, le travail cessera d’être une activité séparée de la vie. Il faut mettre fin à l'organisation capitaliste du travail, un système fondamentalement anti-démocratique à tous les niveaux. Non seulement il corrompt les institutions en influençant directement les décisions politiques par le pouvoir de l’argent, mais il impose aussi une dictature sur le travail. Aujourd’hui, les travailleurs n’ont aucun pouvoir sur la production : ils ne décident ni de ce qui est produit, ni de comment, ni dans quelles conditions. Or, la production est au cœur de la société. Pourquoi devrait-elle rester entre les mains d’une poignée de propriétaires et d’actionnaires ?
Nous voulons dans cette veine incarner un projet d’autonomie radicale, où les individus et les communautés deviennent les créateurs conscients de leurs propres institutions et règles. Ce projet repose sur une rupture fondamentale avec les structures hétéronomes du capitalisme, qui imposent des normes, des valeurs et des finalités décidées en dehors des individus et des collectifs, et imposées par le haut – qu’il s’agisse des exigences du marché, des injonctions de l’État, de normes sociales imposée au genre, à la sexualité ou des dogmes idéologiques qui légitiment ces dominations.
Trop souvent, les luttes pour la reconnaissance d’identités spécifiques — qu’elles soient culturelles, sexuelles ou de genre — ont été ignorées ou balayées d’un revers de main. Les normes rigides imposées d’en haut par les États, les institutions ou les systèmes économiques cherchent à réduire la diversité humaine à des catégories prédéfinies. Ceux qui ne correspondent pas à ces cases sont marginalisés, car leur existence même remet en cause l’ordre établi. Le capitalisme, en transformant les relations sociales en images figées à travers les médias, la publicité et la consommation de masse, a également réduit les individus à des représentations fixes d’eux-mêmes. Des identités standardisées sont produites, consommées, vendues et rejetées selon les besoins du marché, laissant de côté toutes celles qui échappent à ces normes artificielles. Il en résulte un appauvrissement des identités qui exclut des segments entiers de la population dont les caractéristiques propres ne sont pas reconnues.
L’auto-gouvernement ne doit pas se limiter à la gestion quotidienne des affaires communes : il implique une interrogation permanente sur le sens de nos choix collectifs, sur nos finalités et sur les limites que nous décidons de nous fixer. Il ne s’agit pas simplement de remplacer un système par un autre, mais de réinventer continuellement les formes et les contenus de la vie en société, en refusant toute structure figée. L’égalité réelle ne peut être une finalité abstraite : elle doit se traduire dans des institutions et des pratiques qui garantissent à chacun une voix et une capacité d’agir dans tous les domaines de la vie sociale. Nous devons décider de tout, partout, tout le temps et faire de la démocratie non plus un acte séparé de la vie et ponctuel, mais une pratique constante et intégrée dans la vie de tous les jours. Cela doit être présent localement, sur les lieux de travail, dans les universités, dans nos quartiers, et au sein de toutes les sphères où se jouent nos relations sociales.
Aujourd’hui, il est plus facile que jamais de développer la démocratie directe grâce aux outils numériques. La cyberdémocratie n’est plus une utopie lointaine. Si nous sommes capables d’effectuer des transactions financières sécurisées en quelques secondes, ne venez pas nous dire que le vote électronique pour tous est impossible. Le seul obstacle, c’est la volonté politique d’une minorité qui craint l’extension de la démocratie, car celle-ci remettrait fatalement en cause son pouvoir. C’est là que nous voyons que la technologie n’est pas un simple outil neutre : son usage est aujourd’hui dicté par la classe dirigeante, qui l’exploite non pas pour le bien commun, mais pour accroître son contrôle et ses profits. Surveillance généralisée, exploitation des données personnelles, algorithmes façonnant nos opinions… La technologie, loin de servir notre émancipation, est devenue une arme de domination. Nous devons donc nous réapproprier ces outils, les détourner de leur fonction oppressive pour les mettre au service de l’émancipation collective, cela passe par le partage des connaissances, l’adoption de licences libres, des protocoles décentralisés et l’abolition des brevets qui entravent le bien commun. Qu’il s’agisse de renforcer la démocratie, de faciliter la coordination par la cybernétique, d’alléger le travail, de mieux répartir les richesses ou de garantir des conditions de vie dignes, la technologie doit être reprise en main pour servir les besoins de tous, et non les intérêts de quelques-uns.
La réappropriation technologique est indissociable du partage des connaissances. Il ne peut y avoir de démocratie véritable sans éducation populaire, et cela ne se réduit pas à un simple cours occasionnel ou à des leçons théoriques délivrées par une élite. L’éducation populaire doit être un processus régulier, où chacun est à la fois apprenant et enseignant, participant activement à l’élévation collective de la conscience. L’objectif est de développer un esprit critique radical, suffisamment aiguisé pour éviter les pièges de la manipulation et de la délégation aveugle. Car sans cet esprit critique, la démocratie directe retombera fatalement dans les errances du passé, dominée par de beaux parleurs capables de flatter les masses et d’accaparer le pouvoir. La connaissance est une arme essentielle pour se prémunir contre ces dérives : c’est par la connaissance que chacun prend conscience de sa capacité à agir, à s’auto-gouverner et à transformer la réalité.
Mais il ne s’agit pas d’éducation au sens traditionnel, où un professeur dispense son savoir devant une classe silencieuse. L’éducation dont nous parlons est collaborative, horizontale, participative. Elle repose sur l’échange d’expériences, le débat libre, la confrontation des idées, et la recherche collective de vérités. Chaque personne doit pouvoir accéder aux savoirs nécessaires pour exercer son pouvoir de décision de manière éclairée et autonome. Cela implique aussi une réappropriation des outils de communication et de diffusion de l’information. Les connaissances doivent être accessibles à tous, en toute transparence, libérées de toute logique de profit ou de brevet qui les prive du bien commun. L’éducation populaire, telle que nous la concevons, doit être intégrée au fonctionnement même de la société, de manière à ce que chaque personne puisse constamment apprendre et contribuer au savoir collectif. C’est par cette élévation continue de la conscience que la démocratie directe pourra se renforcer, évoluer, et éviter de retomber dans les travers du passé. Car la démocratie ne se décrète pas : elle se pratique, au quotidien, et elle s’enrichit par l’éducation du peuple par le peuple.
Cependant, cette société de l’auto-gouvernement doit se construire à partir de pratiques concrètes d’autogestion – telles que les conseils populaires, comités locaux, plénums ou les communes libres. Ces formes d’auto-organisation, dont la technologie n'est que le prolongement, sont avant tout les prémices d’une refonte de la société sur des bases profondément différentes de celles du capitalisme. Elles ne sont pas seulement des espaces de résistance : elles sont des laboratoires où s’élabore la société de demain. Une société où les ressources sont mises au service des besoins réels, où les rapports sociaux ne sont plus déterminés par des rapports de pouvoir ou d’exploitation, et où les écosystèmes ainsi que la culture ne sont plus sacrifiés aux impératifs du profit.
La crise écologique est indissociable de la crise sociale et économique. Le capitalisme, en tant que système fondé sur l'exploitation infinie des ressources naturelles et humaines, est structurellement incapable de s'inscrire dans une logique de durabilité. Par nature, le capitalisme repose sur l'accumulation du profit, ce qui implique une compétition effrénée et une course permanente à la croissance. Or, cette logique de croissance infinie entre en contradiction directe avec les limites biophysiques de la planète. Les tentatives de "verdir" le capitalisme – à travers des initiatives comme le développement durable ou la croissance verte – ne sont que des pansements sur une plaie béante. Tant que le système repose sur la maximisation des profits et l'exploitation du travail et des ressources, toute réforme sera absorbée par la logique marchande et détournée à des fins lucratives. Les multinationales et les États prétendent réduire leur empreinte écologique, mais en réalité, ils externalisent la pollution et l'exploitation vers les régions les plus vulnérables. C'est pourquoi ce sont les populations les plus pauvres, les racisées, les femmes et les communautés marginalisées qui subissent de plein fouet les effets des catastrophes écologiques, des pollutions et du changement climatique.
Nous devons repenser notre relation à la nature et aux ressources en dehors du cadre capitaliste. Ce n'est pas en exploitant toujours plus la planète pour enrichir une minorité qu'on assurera notre avenir, mais en construisant des formes de vie durables, respectueuses des équilibres écologiques et fondées sur la justice sociale. L’autogestion implique la gestion collective des ressources et la construction de modèles de production qui répondent aux besoins des individus sans épuiser les écosystèmes. Face à l’urgence écologique, nous devons mettre en place des solutions locales tout en adoptant une vision globale de solidarité écologique. Ce n’est qu’en sortant du capitalisme et en inventant de nouveaux modes d’organisation basés sur la coopération, l’égalité et l’autonomie que nous pourrons réellement transformer notre société. Ainsi, nous bâtirons un monde où l'émancipation humaine et la préservation de la Terre ne seront plus opposées, mais constitueront les deux faces d’un même projet de libération collective.
L’auto-gouvernement, nourri par la démocratie directe, devient ainsi le moteur d’une société véritablement libre, en phase avec son écosystème et où la créativité et l’autonomie, à la fois individuelle et collective, peuvent pleinement s’épanouir. Un monde qui permet aux individus de décider ensemble de leur avenir, de leurs règles, de leurs institutions, et de leurs façons d’être et de se définir. Un monde enfin libéré des logiques de gouvernance d’une minorité sur une majorité, unie dans la richesse de ses différences.
Les gouvernants capitalistes ont régné, ils ont ravagé jusqu’à la dernière parcelle de terre, jusqu’à la dernière goutte d’eau, nous réduisant tous et toutes à de simples marchandises. Gouvernés de tous les pays, unissons-nous, construisons nos propres institutions et reprenons le contrôle de nos vies ! Pour éviter la fin du monde il faut mettre fin à leur monde !
Confédération
Nous faisons partie de L’Offensive (https://offensive.eco/), une confédération de structures autogestionnaires plus large qui œuvre pour une société démocratique, écologiste, égalitaire, multiculturelle et féministe. Ensemble, nous aspirons à construire un contre-pouvoir culturel et politique, ancré dans les réalités locales et ouvert à l’internationalisme.
Le Conseil est un blog indépendant et un réseau médiatique coopératif engagé pour la construction d’un monde fondé sur la démocratie directe, l’égalité réelle et l’émancipation collective. Nous fédérons des structures médiatiques et d’éducation populaire qui souhaitent s’organiser horizontalement et mutualiser leurs ressources. Chaque membre bénéficie de notre caisse de solidarité commune, qui sert à financer nos projets collectifs, à soutenir les médias indépendants, les productions culturelles engagées, et à appuyer les initiatives de solidarité populaire (aides alimentaires, conseils juridiques, cagnottes solidaires...).
L’ensemble des productions publiées par les membres — articles, podcasts, vidéos... — est mis en commun et librement réutilisable par toutes les structures du réseau. Nous constituons ainsi une coopérative de médias, où chaque création enrichit un patrimoine commun, accessible à toutes et tous, sans restriction. Notre mission est de construire une hégémonie culturelle alternative, de développer un nouvel imaginaire social, et de faire émerger un contre-pouvoir autogestionnaire, capable de défier le capitalisme et ses logiques de domination.
Le Conseil n’est pas une organisation figée, mais un réseau vivant, ouvert à toutes celles et ceux qui veulent s’impliquer, proposer et construire. C’est ensemble, par l’auto-organisation et la solidarité, que nous poserons les bases d’une société libre, affranchie du capitalisme et des structures de domination.
Que défendons-nous ?
Nous nous inscrivons dans une démarche de construction et de consolidation d’espaces d’autonomie collective, à l’écart des institutions étatiques, des hiérarchies oppressives (racisme, patriarcat, discriminations de genre, validisme…), des bureaucraties syndicales et celles des partis, ainsi que des logiques de profit qui menacent les équilibres sociaux et écologiques. Ces espaces autonomes prennent des formes diverses, mais partagent des caractéristiques communes : l’horizontalité et la démocratie directe. Ils se manifestent dans des assemblées de base sous la forme de conseils de quartier, de village ou d'usine. Nous pourrions aussi parler d'assemblées populaires, de comités locaux, de plénums, de communes... Ou de toute autre structure imaginée et portée par celles et ceux qui subissent des dominations, il n'y a pas qu'une seule manière de définir ces espaces qui ne sont pas une forme figée et gravée dans le marbre. Ces modèles d'auto-organisation auraient pour vocation de se fédérer librement, décidant de ses propres règles et institutions, devenant une forme d'auto-gouvernement. Ensemble, elles détermineraient collectivement la production et la répartition des ressources, selon le principe : « De chacun selon ses possibilités, à chacun selon ses besoins... » et nous ajouterions « dans le respect des équilibres écologiques et des limites planétaires. »
Ces modèles d’auto-organisation, en se généralisant et en se coordonnant horizontalement dans une fédération, doivent devenir les germes d’une société nouvelle : une société fondée sur la démocratie directe comme principe organisateur, où l’auto-gouvernement se réalise pleinement, loin de cette illusion qu'est la démocratie représentative qui masque en réalité une oligarchie libérale. Car oui, derrière ce système, le pouvoir reste entre les mains de quelques grandes familles bourgeoises. Il est confisqué par des représentants élus « démocratiquement » qui, une fois en place, gouvernent sans contrôle ou alors celui de la classe dominante, et par des entreprises privées qui façonnent les institutions à coups de financements. Dans une véritable démocratie, les citoyens ne devraient pas se contenter de voter une fois tous les cinq ans pour choisir celui qui leur volera leur pouvoir de décision. Ils devraient exercer ce pouvoir au quotidien, partout. La démocratie partout, tout le temps, et non comme un acte séparé de la vie.
Sur les lieux de travail, par exemple, les travailleurs pourraient s’autogérer par des conseils de travailleurs où chaque individu participe aux décisions concernant la production, les conditions de travail... Ces assemblées permettront que la vie démocratique ne soit plus réduite à un moment isolé, mais qu’elle s’intègre pleinement au quotidien. Ainsi, tout comme la démocratie, le travail cessera d’être une activité séparée de la vie. Il faut mettre fin à l'organisation capitaliste du travail, un système fondamentalement anti-démocratique à tous les niveaux. Non seulement il corrompt les institutions en influençant directement les décisions politiques par le pouvoir de l’argent, mais il impose aussi une dictature sur le travail. Aujourd’hui, les travailleurs n’ont aucun pouvoir sur la production : ils ne décident ni de ce qui est produit, ni de comment, ni dans quelles conditions. Or, la production est au cœur de la société. Pourquoi devrait-elle rester entre les mains d’une poignée de propriétaires et d’actionnaires ?
Nous voulons dans cette veine incarner un projet d’autonomie radicale, où les individus et les communautés deviennent les créateurs conscients de leurs propres institutions et règles. Ce projet repose sur une rupture fondamentale avec les structures hétéronomes du capitalisme, qui imposent des normes, des valeurs et des finalités décidées en dehors des individus et des collectifs, et imposées par le haut – qu’il s’agisse des exigences du marché, des injonctions de l’État, de normes sociales imposée au genre, à la sexualité ou des dogmes idéologiques qui légitiment ces dominations.
Trop souvent, les luttes pour la reconnaissance d’identités spécifiques — qu’elles soient culturelles, sexuelles ou de genre — ont été ignorées ou balayées d’un revers de main. Les normes rigides imposées d’en haut par les États, les institutions ou les systèmes économiques cherchent à réduire la diversité humaine à des catégories prédéfinies. Ceux qui ne correspondent pas à ces cases sont marginalisés, car leur existence même remet en cause l’ordre établi. Le capitalisme, en transformant les relations sociales en images figées à travers les médias, la publicité et la consommation de masse, a également réduit les individus à des représentations fixes d’eux-mêmes. Des identités standardisées sont produites, consommées, vendues et rejetées selon les besoins du marché, laissant de côté toutes celles qui échappent à ces normes artificielles. Il en résulte un appauvrissement des identités qui exclut des segments entiers de la population dont les caractéristiques propres ne sont pas reconnues.
L’auto-gouvernement ne doit pas se limiter à la gestion quotidienne des affaires communes : il implique une interrogation permanente sur le sens de nos choix collectifs, sur nos finalités et sur les limites que nous décidons de nous fixer. Il ne s’agit pas simplement de remplacer un système par un autre, mais de réinventer continuellement les formes et les contenus de la vie en société, en refusant toute structure figée. L’égalité réelle ne peut être une finalité abstraite : elle doit se traduire dans des institutions et des pratiques qui garantissent à chacun une voix et une capacité d’agir dans tous les domaines de la vie sociale. Nous devons décider de tout, partout, tout le temps et faire de la démocratie non plus un acte séparé de la vie et ponctuel, mais une pratique constante et intégrée dans la vie de tous les jours. Cela doit être présent localement, sur les lieux de travail, dans les universités, dans nos quartiers, et au sein de toutes les sphères où se jouent nos relations sociales.
Aujourd’hui, il est plus facile que jamais de développer la démocratie directe grâce aux outils numériques. La cyberdémocratie n’est plus une utopie lointaine. Si nous sommes capables d’effectuer des transactions financières sécurisées en quelques secondes, ne venez pas nous dire que le vote électronique pour tous est impossible. Le seul obstacle, c’est la volonté politique d’une minorité qui craint l’extension de la démocratie, car celle-ci remettrait fatalement en cause son pouvoir. C’est là que nous voyons que la technologie n’est pas un simple outil neutre : son usage est aujourd’hui dicté par la classe dirigeante, qui l’exploite non pas pour le bien commun, mais pour accroître son contrôle et ses profits. Surveillance généralisée, exploitation des données personnelles, algorithmes façonnant nos opinions… La technologie, loin de servir notre émancipation, est devenue une arme de domination. Nous devons donc nous réapproprier ces outils, les détourner de leur fonction oppressive pour les mettre au service de l’émancipation collective, cela passe par le partage des connaissances, l’adoption de licences libres, des protocoles décentralisés et l’abolition des brevets qui entravent le bien commun. Qu’il s’agisse de renforcer la démocratie, de faciliter la coordination par la cybernétique, d’alléger le travail, de mieux répartir les richesses ou de garantir des conditions de vie dignes, la technologie doit être reprise en main pour servir les besoins de tous, et non les intérêts de quelques-uns.
La réappropriation technologique est indissociable du partage des connaissances. Il ne peut y avoir de démocratie véritable sans éducation populaire, et cela ne se réduit pas à un simple cours occasionnel ou à des leçons théoriques délivrées par une élite. L’éducation populaire doit être un processus régulier, où chacun est à la fois apprenant et enseignant, participant activement à l’élévation collective de la conscience. L’objectif est de développer un esprit critique radical, suffisamment aiguisé pour éviter les pièges de la manipulation et de la délégation aveugle. Car sans cet esprit critique, la démocratie directe retombera fatalement dans les errances du passé, dominée par de beaux parleurs capables de flatter les masses et d’accaparer le pouvoir. La connaissance est une arme essentielle pour se prémunir contre ces dérives : c’est par la connaissance que chacun prend conscience de sa capacité à agir, à s’auto-gouverner et à transformer la réalité.
Mais il ne s’agit pas d’éducation au sens traditionnel, où un professeur dispense son savoir devant une classe silencieuse. L’éducation dont nous parlons est collaborative, horizontale, participative. Elle repose sur l’échange d’expériences, le débat libre, la confrontation des idées, et la recherche collective de vérités. Chaque personne doit pouvoir accéder aux savoirs nécessaires pour exercer son pouvoir de décision de manière éclairée et autonome. Cela implique aussi une réappropriation des outils de communication et de diffusion de l’information. Les connaissances doivent être accessibles à tous, en toute transparence, libérées de toute logique de profit ou de brevet qui les prive du bien commun. L’éducation populaire, telle que nous la concevons, doit être intégrée au fonctionnement même de la société, de manière à ce que chaque personne puisse constamment apprendre et contribuer au savoir collectif. C’est par cette élévation continue de la conscience que la démocratie directe pourra se renforcer, évoluer, et éviter de retomber dans les travers du passé. Car la démocratie ne se décrète pas : elle se pratique, au quotidien, et elle s’enrichit par l’éducation du peuple par le peuple.
Cependant, cette société de l’auto-gouvernement doit se construire à partir de pratiques concrètes d’autogestion – telles que les conseils populaires, comités locaux, plénums ou les communes libres. Ces formes d’auto-organisation, dont la technologie n'est que le prolongement, sont avant tout les prémices d’une refonte de la société sur des bases profondément différentes de celles du capitalisme. Elles ne sont pas seulement des espaces de résistance : elles sont des laboratoires où s’élabore la société de demain. Une société où les ressources sont mises au service des besoins réels, où les rapports sociaux ne sont plus déterminés par des rapports de pouvoir ou d’exploitation, et où les écosystèmes ainsi que la culture ne sont plus sacrifiés aux impératifs du profit.
La crise écologique est indissociable de la crise sociale et économique. Le capitalisme, en tant que système fondé sur l'exploitation infinie des ressources naturelles et humaines, est structurellement incapable de s'inscrire dans une logique de durabilité. Par nature, le capitalisme repose sur l'accumulation du profit, ce qui implique une compétition effrénée et une course permanente à la croissance. Or, cette logique de croissance infinie entre en contradiction directe avec les limites biophysiques de la planète. Les tentatives de "verdir" le capitalisme – à travers des initiatives comme le développement durable ou la croissance verte – ne sont que des pansements sur une plaie béante. Tant que le système repose sur la maximisation des profits et l'exploitation du travail et des ressources, toute réforme sera absorbée par la logique marchande et détournée à des fins lucratives. Les multinationales et les États prétendent réduire leur empreinte écologique, mais en réalité, ils externalisent la pollution et l'exploitation vers les régions les plus vulnérables. C'est pourquoi ce sont les populations les plus pauvres, les racisées, les femmes et les communautés marginalisées qui subissent de plein fouet les effets des catastrophes écologiques, des pollutions et du changement climatique.
Nous devons repenser notre relation à la nature et aux ressources en dehors du cadre capitaliste. Ce n'est pas en exploitant toujours plus la planète pour enrichir une minorité qu'on assurera notre avenir, mais en construisant des formes de vie durables, respectueuses des équilibres écologiques et fondées sur la justice sociale. L’autogestion implique la gestion collective des ressources et la construction de modèles de production qui répondent aux besoins des individus sans épuiser les écosystèmes. Face à l’urgence écologique, nous devons mettre en place des solutions locales tout en adoptant une vision globale de solidarité écologique. Ce n’est qu’en sortant du capitalisme et en inventant de nouveaux modes d’organisation basés sur la coopération, l’égalité et l’autonomie que nous pourrons réellement transformer notre société. Ainsi, nous bâtirons un monde où l'émancipation humaine et la préservation de la Terre ne seront plus opposées, mais constitueront les deux faces d’un même projet de libération collective.
L’auto-gouvernement, nourri par la démocratie directe, devient ainsi le moteur d’une société véritablement libre, en phase avec son écosystème et où la créativité et l’autonomie, à la fois individuelle et collective, peuvent pleinement s’épanouir. Un monde qui permet aux individus de décider ensemble de leur avenir, de leurs règles, de leurs institutions, et de leurs façons d’être et de se définir. Un monde enfin libéré des logiques de gouvernance d’une minorité sur une majorité, unie dans la richesse de ses différences.
Les gouvernants capitalistes ont régné, ils ont ravagé jusqu’à la dernière parcelle de terre, jusqu’à la dernière goutte d’eau, nous réduisant tous et toutes à de simples marchandises. Gouvernés de tous les pays, unissons-nous, construisons nos propres institutions et reprenons le contrôle de nos vies ! Pour éviter la fin du monde il faut mettre fin à leur monde !
Confédération
Nous faisons partie de L’Offensive (https://offensive.eco/), une confédération de structures autogestionnaires plus large qui œuvre pour une société démocratique, écologiste, égalitaire, multiculturelle et féministe. Ensemble, nous aspirons à construire un contre-pouvoir culturel et politique, ancré dans les réalités locales et ouvert à l’internationalisme.